dimanche 30 mars 2008

Dossier de la quinzaine, comprendre le FMI et la Banque mondiale.

On entend beaucoup parler du FMI depuis la crise des crédits immobiliers (ou crise des subprimes) qui a émergé l’été dernier aux Etats-Unis, avant de se diffuser à l’ensemble des économies mondiales. L’élection d’un homme politique français, Dominique Strauss-Kahn, à la tête de l’institution nationale, en septembre 2007, a fait la une de la presse de l’hexagone.

Mais au fait, de quoi s’agit-il ? Quelle est la différence entre le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ?
C’est l’occasion de clarifier leurs missions respectives.
Si les deux institutions sont souvent citées ensemble, c’est qu’elles ont été créées au même moment, au cours d’une conférence tenue à la fin de la Deuxième guerre mondiale (en juillet 1944), dans une ville du New Hampshire au Etats-Unis appelée Bretton Woods. Pour les délégués présents, il s’agissait de reconstruire le système économique international, pour éviter qu’une guerre ne se reproduise. Ils avaient constaté que les déséquilibres financiers qu’avaient connus les pays les plus industrialisés dans l’entre deux guerres, notamment la crise de 1929, avaient joué un rôle déterminants. Les pays avaient développé des réflexes protectionnistes les uns vis-à-vis des autres, c'est-à-dire qu’ils s’étaient mis à protéger la production nationale contre la concurrence étrangère. De la méfiance réciproque à la poussée des nationalismes, l’engrenage des tensions allait aboutir au conflit.
Dans ce contexte apparurent le FMI et la Banque mondiale, aux activités complémentaires, inscrites dans les missions de l’ONU. Le premier était essentiellement chargé de veiller à l’équilibre des économies (en contrôlant ce qu’on appelle la balance des paiements, c'est-à-dire l’ensemble des opérations commerciales, financières et budgétaires réalisées en un an par un pays et le reste du monde). Aujourd’hui, le Fonds se mobilise pour aider un pays en cas de crise économique : on dit qu’il intervient à court terme. L’argent qu’il prête provient des cotisations des pays membres (leurs quotes-parts). Ils sont actuellement 185 pays.
Le principal objet de la Banque mondiale pour la reconstruction et le développement (Banque Internationale de Reconstruction et de Développement) était et reste la lutte contre la pauvreté : c’est une mission à long terme. Ses interventions, qui ne concernaient que l’Europe à l’origine, se déploient maintenant dans l’ensemble des pays en développement. C’est d’ailleurs à la France que la Banque mondiale a accordé son premier prêt, en 1947, d’un montant de 250 millions de dollars. La BIRD tire la plus grande partie de ses ressources d’emprunts qu’elle réalise sur les marchés financiers, et dans une moindre mesure des quotes-parts des pays membres (également 185).
Le FMI et la Banque mondiale siègent à Washington, d’où le terme de « consensus de Washington » qui revient souvent pour faire référence aux institutions. Leur efficacité et leur légitimité même sont contestées, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, parce que leur fonctionnement, vieux d’une soixantaine d’années, ne semble plus capable de répondre aux défis actuels du système monétaire international. D’autre part, à cause du poids inégal des pays membres : au FMI comme à la BIRD, le droit de vote est fondé sur le montant des cotisations. Plus un pays est riche, plus il pèse dans les décisions (c’est le principe : 1$ = 1 voix). Par ailleurs, le FMI est traditionnellement dirigé par un européen (Dominique Strauss-Kahn désormais) tandis que le président de la Banque mondiale est systématiquement dirigé par un américain (Robert Zoellnick). Les pays émergeant appellent à un fonctionnement plus transparent et démocratique.

J.D.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très interressant