vendredi 11 avril 2008

Dossier de la quinzaine, le micro-crédit.

Qu’est-ce que le micro-crédit ?

Comment sortir de la spirale infernale qui entraîne les mieux lotis à s’enrichir et les plus humbles à s’appauvrir ? La question ne date pas d’hier : la Révolution française avait surgi de révoltes suscitées par l’inégalité des conditions de vie, qui perdura dans l’Europe du XIXème siècle marqué par les débuts de l’ère industrielle. Après 1945, la diffusion planétaire du modèle économique libéral a accentué les déséquilibres entre pays développés et pays en développement. C’est en 1952, qu’apparaît l’expression « Tiers monde » pour la première fois, dans un article du démographe Alfred Sauvy pour l’hebdomadaire Observateur( devenu Le Nouvel Observateur entre temps ). La globalisation des économies n’a pas fait fléchir le phénomène, loin de là. Sans doute saviez-vous déjà que 2% de la population mondiale détient 80% des richesses. Personne ne remet cette statistique en doute, et les critiques du néo-libéralisme( le système économique selon lequel on laisse les marchés se réguler tous seuls, où l’intervention de l’État doit être réduite au maximum )reviennent régulièrement. Mais si les condamnations sont nombreuses, les propositions de modèles alternatifs sont plus rares…

Rayer la pauvreté de la « mappemonde » : un tel défi semble impossible à relever. C’est pourtant l’objectif que s’est fixé Muhammad Yunus, un professeur d’économie bangladais, en imaginant le principe du micro-crédit.

De quoi s’agit-il ?

Yunus a constaté que la grande majorité des travailleurs pauvres de son pays était incapable de dégager un bénéfice de leur activité. Ils sont généralement empêtrés dans un système pernicieux, dépendant d’usuriers à qui ils versent la quasi-totalité de leur modeste salaire (un usurier est quelqu’un qui prête de l’argent à un taux d’intérêt excessif). Le micro-crédit consiste à accorder aux plus démunis des prêts de toutes petites sommes à des taux d’intérêts accessibles pour leur permettre de se lancer une activité économique. Yunus souligne ainsi les limites de la charité, solution discrétionnaire et ponctuelle qui ne règle rien sur le long terme. Le procédé qu’il a mis sur pied dans les années 70 (suite à la terrible famine qui a ravagé le Bangladesh en 1974, entraînant la mort de plus d’un million de personnes) crée les conditions d’une véritable émancipation des petites gens, et tout particulièrement des femmes. « L’expérience le prouve : le crédit, lorsqu’il passe par les femmes, amène des changements plus rapides que lorsqu’il passe par des hommes », affirme Muhammad Yunus dans son autobiographie intitulée Vers un monde sans pauvreté (éd. JC. Lattès). Aujourd’hui, 94 % des 2,1 millions d’emprunteurs bangladais sont des femmes. Les remboursements s’échelonnent de semaine en semaine. Celle qui souhaite vendre les vêtements de sa fabrication peut emprunter l’argent qui lui manque pour acquérir le matériel nécessaire (machine à coudre, tissus, bobines). Une autre empruntera le peu qui lui faut pour préparer des beignets qu’elle proposera les jours de marché.

L’idée de la Grameen Bank( de « gram » qui signifie village )est de venir à la rencontre des clients. Là où les banques standard exigeraient des garanties et une procédure administrative trop complexe pour des individus analphabètes pour la plupart, la banque de Yunus vise à s’insérer dans le contexte local. Aucun recours en justice n’est prévu contre ceux qui manqueraient au contrat de confiance. Il apparaît que les taux de remboursement sont bien plus élevés à la Grameen Bank que dans les établissements traditionnels( 98 % environ )!

Depuis la création de la banque en 1883, le système du micro-crédit s’est diffusé dans 60 pays répartis sur le globe. Il rencontre de grands succès en Amérique latine, dans plusieurs pays d’Afrique, mais aussi aux Etats-Unis( à Harlem, à New-York )et en Europe : 15 pays, dont la France, font l’expérience de la micro-finance.

En 2006, Muhammad Yunus a reçu le prix Nobel de la Paix. Pourquoi pas plutôt celui de l’économie ? Sans doute parce que le défi qu’il a lancé est trop original.

J. D.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà quelqu' un qui fait avancer les choses. Au lieu de critiquer facilement le système en place qui a de nombreux défauts comme tout système.

veecus a dit…

Bonjour,
A l’occasion du lancement du site de microcrédit en ligne www.veecus.com dont nous sommes les fondateurs, nous tenions à vous présenter brièvement notre activité et nos objectifs.

Cordialement,
L’équipe Veecus.

Baptiste Fabre / Clément Carjat

1 - Qu’est-ce que Veecus ?

www.veecus.com est une plateforme de microcrédit en ligne. Veecus est dérivé du latin et signifie “village”, à l’image de la communauté en ligne que nous souhaitons créer. Le site www.veecus.com permet de mettre en relation des microentrepreneurs en besoin de financement et des prêteurs intéressés par un investissement intelligent.
Veecus rend accessible à tous un investissement socialement responsable à partir de 20€. Veecus se veut donc un outil internet au service de l’économie réelle, du développement durable et de la réduction de la pauvreté.

Le microcrédit fait partie des instruments pour atteindre des objectifs du millénaire pour le développement de l’ONU visant à la réduction de la pauvreté de 50% à l’horizon 2015. On estime à 65% le pourcentage de bénéficiaires du microcrédit qui parviennent à sortir de la pauvreté.

2 – Comment fonctionne Veecus ?

Sur www.veecus.com chaque internaute peut choisir de financer un microentrepreneur en fonction de son activité, de la durée du prêt et du taux d’intérêt qui rémunère ce prêt. Le taux d’intérêt est librement fixé par les institutions de microfinance. Il permet aux parties de s’engager dans une relation économique pérenne basée sur la confiance mutuelle.
Un internaute peut prêter à partir de 20€. C’est l’agrégation des prêts des différents prêteurs qui permet de financer le projet spécifique d’un micro entrepreneur. Ce mode de financement permet :
- A chaque prêteur de devenir un acteur du changement, et d’observer l’impact de son prêt
- L’émergence d’une communauté de prêteurs sensibles aux questions de financement solidaire, de développement durable et de lutte contre la pauvreté et les inégalités.

Concrètement Veecus travaille avec des institutions de microfinance présentes sur le terrain. Ces institutions de microfinance sélectionnent les projets des microentrepreneurs en fonction de leur viabilité économique. Ces projets sont ensuite mis en ligne sur le site et rendus accessibles au financement des membres de Veecus.

3 – Les partenaires de Veecus

Veecus fonctionne en partenariat avec des institutions de microfinance qui agissent au niveau local en permettant :
- Une nouvelle source de financement pour ces institutions de microfinance
- Une baisse des couts du crédit pour les institutions de microfinance et les microentrepreneurs finaux

Pour l’instant les partenaires de Veecus se situent au Cameroun et en Inde. D’autres sont à venir dans d’autres pays, l’équipe Veecus y travaille activement.

4 – Les objectifs de Veecus

L’objectif de Veecus est de créer les conditions d’une relation économique équitable et durable. Les prêts servent à financer un projet d’entreprise viable dont l’objectif est l’amélioration durable des conditions de vie du microentrepreneur à travers la création de revenu.

Veecus a aussi vocation à devenir un réseau social centré autour des problématiques de développement économique durable. Les prêteurs peuvent dialoguer et recevoir des nouvelles des microentrepreneurs qu’ils ont financés soit directement lorsque ceux-ci ont accès à Internet soit à travers l’institution partenaire de Veecus sur le terrain.

www.veecus.com permet ainsi de tisser des liens entre des individus, les peuples et les cultures au travers d’une relation économique égalitaire et pérenne.

5 - Transparence et solidité des partenaires :

Afin d’éliminer tout risque d’utilisation frauduleuse des fonds Veecus ne travaille qu’avec des institutions de microfinance dument enregistrées auprès de leurs autorités nationales et qui se sont engagées depuis au moins 3 ans dans une procédure d’audit externe.
L’équipe Veecus porte une attention particulière sur la solidité financière des institutions partenaires à travers une étude approfondie de leur états financiers, de leur organisation et de leur systèmes de gestion.

N’hésitez pas à visiter le site www.veecus.com afin d’obtenir plus de détail sur la microfinance et sur le fonctionnement de Veecus.

Anonyme a dit…

Je pensais qu'il était à des sociétés autres que les organismes bancaires ou de prêt, interdit de prêter de l'argent avec un taux d'intérêt.
prenez vous des commissions sur les sommes récoltées, c'est ce que j'ai entendu dire. Si c'est le cas ne vous faites pas passer pour des gens qui veulent apporter des solutions dans le monde aux personnes ayant un grand besoins d'aide pour créer leur entreprise